Un rapport préliminaire (récemment évoqué ici par Impasse Sud) rédigé par les membres de la Commission prévention du groupe d'études parlementaire sur la sécurité intérieure (Gepsi) censé inspirer le ministère de l'intérieur dans la rédaction du projet de loi sur la prévention de la délinquance a été remis à Dominique de Villepin le 16 novembre dernier

Le texte (également connu sous le nom de rapport Bénisti déclenche actuellement - et à juste titre - un véritable tollé auprès de ses premiers lecteurs.

Il faut dire que le torchon en question (5 fautes en moyenne par paragraphe, des contre-vérités flagrantes, une démagogie de haute volée) prétend apporter des réponses de bon sens à la montée de la délinquance, notamment chez les jeunes.

Jugeant insupportable l'inefficacité des politiques publiques en matière de prévention de la délinquance, le rapport veut enfin trouver une solution à cette question, quitte à ce que la réponse soit un amas d'inepties, de fantasmes et de représentations douteuses.

Une des particularités de ce rapport est de fournir un tableau d'analyse de l'évolution de la délinquance particulièrement instructif et digne des meilleures fictions policières de TF1.
En effet, les zélés membres de la commision qui reprochent aux politiques précédentes leur manque d'imagination, ne manquent, eux, pas de créativité puisque c'est sur la fiction qu'ils décident de s'appuyer pour nous convaincre.



Nos amis parlementaires nous ont sorti de derrière les fagots deux parcours d'individus fictifs pour nous montrer que "la délinquance, quand ca commence, ca risque de continuer si ca ne s'arrête pas".
Nous découvrons ainsi la très jolie vie - dans le "droit chemin" (sic) - d'un individu bien né que, pour les besoins de l'expérience, nous appelerons Charles-Henri (s'il le permet) et d'un sauvageon-génocideur en puissance à qui nous ne demanderons pas son avis et que nous baptiserons (niark) Abdelkader.

Le rapport nous indique que l'étincelle première de la délinquance provient très régulièrement de difficultés de langue induisant des comportements indisciplinés chez l'enfant.
Ainsi programmé par sa naissance, Abdelkader se marginalisera de plus en plus.
Ses parents démissionneront immanquablement.
Abdelkader finira par redoubler, se laissera aller à de petits larcins et verra s'accentuer ses conflits avec ses parents.
Vers 13 ans, notre ami Abdelkader (enfin, quand je dis ami...) commencera à sombrer dans l'enfer de la drogue douce et négligera de plus en plus sa scolarité au profit de sa passion naissant pour les vols à la tire.
Vers 19 ans Abdelkader se sépcialisera dans les cambriolages, la vie nocturne, l'usage de drogues dures et d'armes blanches.
C'est vers 20 ans enfin qu'Abdelkader atteindra le sommet de sa carrière en optant pour le trafic de drogue et le vol à main armée.

Dans le même temps, Charles-Henri (oui, appelons le comme ça, ça fait tellement plaisir à sa famille) aura un parcours sans faille ni accroc qui le verra s'intégrer dès l'enfance à merveille dans la communauté sociale pour devenir un vrai type bien sans problème dans le respect de son prochain (et des valeurs chrétiennes).

Si ça, ça n'est pas une preuve que la délinquance mène à la délinquance, c'est que vraiment vous n'y connaissez rien ou bien que vous êtes d'une mauvaise foi digne de la mouvance libertaire et anarchiste à laquelle vous appartenez ; si si, on a des fiches sur vous et vos amis...).

Le reste du rapport est du même niveau avec une méthodologie scientifique phénoménale qui appuie ses raisonnements sur des affirmations rigoureuses du genre "tout le monde s'accorde à dire que..." ou "les études récentes montrent que...".

Pourtant, il ne s'agit pas seulement de maladresses scribouillardes ou d'incompétences techniques mais bien d'un texte idéologique particulièrement dangereux puisqu'il continue la démarche sarko-perbenienne de stigmatisation de catégories particulières de la population en créant notamment des amalgames fumeux entre bilinguisme et délinquance.

Sur son site, le rapporteur de la Commission Jacques-Alain Bénisti réagit aux attques parues dans la presse au sujet du rapport et nous montre s'il en était encore besoin son attachement au dialogue et le respect qu'il accorde à ses détracteurs : "Le pré-rapport sur la prévention de la délinquance, remis le 16 novembre dernier à la demande du Ministre de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, a entraîné la mobilisation de plusieurs syndicats et mouvements associatifs agissant dans la mouvance libertaire et anarchiste dans la presse et sur Internet ainsi que par quelques manifestations sans grand succès. On n’en attendait pas moins de la part de ce ceux qui n’ont aucun intérêt à voir un gouvernement de droite s’atteler à régler au problème de la délinquance en France."