Il y a quelque jours, pour l'anniversaire d'une amie de gauche (pléonasme ?), j'ai décidé de lui offir un livre (je sais, je suis d'une originalité ébouriffante). Après l'avoir vu déambuler à la Fête de l'Huma entre les étals des éditeurs indépendants et autres libraires alternatifs, il était évident qu'un livre engagé saurait lui plaire.

Faute de temps, je me précipitai donc dans l'antre d'un distributeur culturel en quête de l'ouvrage idéal. L'idée d'un livre anti-sarkozy s'imposa très vite puisque cette amie cultive depuis quelque temps une haine farouche et un mépris profond pour le prétendu futur locataire de l'Elysée.

Toujours pris par le temps, je me ruai bien vite sur la couverture violette du livre d'un dénommé Jean-Pierre Friedman que la quatrième de couverture présentait comme "un docteur en psychologie et psychanalyste (qui) a commencé à décortiquer les mécanismes du pouvoir et les pathologies de ceux qui les exercent dans son livre Du pouvoir et des hommes."

Avec une naïveté déconcertante, j'étais alors convaincu que le "Dans la peau de Sarko" devait être une charge déterminée et passionnante contre l'actuel ministre de l'intérieur et je me réjouissais à l'avance en imaginant la joie de mon amie voyant ainsi démonté le nabot hyperactif...
Eh bien, il n'en était rien. Quelques heures après l'achat, je décidai de feuilleter les premières pages de l'ouvrage pour me délecter de quelques bons mots et m'assurer qu'il était conforme à mes souhaits.

Enfer et damnation, c'était précisément le contraire. Ce bouquin est une véritable statue érigée à la gloire de Sarkozy à qui l'auteur reconnaît toutes les qualités :

"il dispose de cet atout exceptionnel en politique que l'on appelle le courage"

"Nicolas Sarkozy va toujours au bout de ses entreprises et de ses choix"

L'ami Friedman défend bec et ongles Sarkozy contre les attaques dont il peut être l'objet, dénonce la prétendue jalousie de ses adversaires et lui trouve systématiquement des circonstances atténuantes :

"Sarkozy narcissique ? Pourquoi échapperait-il à la règle ? Le narcissime est, avant le bon sens, contrairement à l'ironique remarque de Descartes, la chose au monde la mieux partagée"

Ne reculant devant rien, l'auteur va même jusqu'à avoir recours à la morphopsychologie pour nous démontrer l'incroyable potentiel du locataire de la place beauvau :

"un indice est particulièrement révélateur de la différence entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac. Il suffit de comparer leurs fronts. Chez Jacques Chirac la zone supérieure, celle de l'imagination, et la zone moyenne, celle de la réflexion sont réduites. La zone inférieure, celle de l'observation et de l'action est prédominante. Le front de Nicolas Sarkozy montre un développement équilibré des trois parties. comme si cela reflétait la plus vaste gamme de ses aptitudes".

Dans la peau de Sarko (éditions Michalon) peut finir par faire sourire tant son auteur ne recule devant rien pour louer, flatter, embellir et magnifier son idole. Le résultat est caricatural, obséquieux et je me réjouis seulement d'avoir suffisamment parcouru le livre (j'ai fini par le lire complètement) pour ne pas l'offrir à mon amie : elle ne me l'aurait peut-être pas pardonné.