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Truc d'avant - Truc d'après
Carnets retrouvés Volume 1
--> Expulsions

L'arbitre brandit le carton rouge. La faute semble indiscutable. Les deux pieds étaient décollés du sol. Le tacle est irregulier. Piteux, le défenseur prend conscience des consequences. Ses coequipiers vont devoir terminer la rencontre à dix. Les chances de qualification s'amenuisent et il en est l'unique responsable. Il regagne le vestiaire, lentement, en posant son regard à quelques centimètres de ses pieds. Les gravillons s'envolent à chaque pas. Ils retombent comme autant de ricochets. Aucun regard vers le banc de touche, il pénètre dans le tunnel. Le vestiaire est vide et silencieux. On est loin de l'euphorie des soirs de victoire.
Il s'assoit sur le banc et défait mécaniquement les lacets de ses chaussures. Le coach avait été clair. Ce match était décisif. Si son comportement n'était pas à la hauteur, il pouvait dire adieu à l'equipe et il serait alors temps de penser à la reconversion. C'était sans doute le match de trop.
Loin aussi la joie des premières titularisations, des premiers buts, des coups de graâce ou de genie. Il était trop vieux comme lui avait lancé un minot du centre de formation qui l'avait envoyé au tapis dans un duel physique au cours de l'entrainement. Il fallait raccrocher les gants, tirer un trait définitif sur les espoirs de sélection nationale, de transfert myrifique. Le film était fini.

"Nous avons été fiers de travailler avec toi, tu vas nous manquer". Le pathos est à son paroxysme. En responsable des ressources humaines parfait, Laurent Perret sait jouer de tous les ressorts pour faire passer la pilule. "Tes qualités humaines ne sont pas en cause. Mais à l'aubre du XXIème siècle, l'entreprise évolue. Les nouvelles technologies imposent une réforme..." Je n'écoutais même plus la fin de sa phrase. Finalement la situation se résumait aisément. J'étais viré. Les autres allaient continuer sans moi ; on penserait peut-être à moi le temps qu'on enlève mon nom de la porte de mon bureau. Quoique, ce devrait être assez rapide. Les successeurs en herbe ne doivent pas manquer. Les animaux malades ou blessés sont toujours les plus vulnérables. Les prédateurs les observent tranquillement avant de fondre sur eux au moment propice. La machine à café avait dû servir de point d'eau. La pause devrait servir aux grands fauves de mon service pour jeter leur dévolu sur ma pauvra carcasse de salarié fatigué. Mr Grandet père n'aurait sans doute pas apprécié le sort que me destinaient ses héritiers. Lui qui m'avit ouvert les portes de la boite aurait sans doute préféré une autre fin pour l'employé modèle. Ne srait-ce que pour en parler dans le journal interne ou pour briguer une certification ISO quelque chose. On m'avait proprement jeté. Malgré leurs mines défaites, aucun de mes collègues n'avait du prendre ma défense, mettre en avant mes états de servicePour obtenir la clémence de nos supérieurs. A cinq ans de la retraite, il me reste largement le temps de devenir alcoolique ou l'opportunité de lancer une start-up.

 

Dans le métro. Une place se libère enfin. Je m'assied et pose mes bagages à mes pieds. Assis enfin. Posé. Depuis que j'ai quitté notre appartement, je n'ai pas eu le temps de respirer, de réflechir. Résumons. Tout-est-fini-entre-nous et N'essaie-jamais-de-me-revoir. La situation me semble claire. N'avais je rien vu venir ? Tout est compliqué. Depuis combien de temps vivions-nous comme ça ? Pourquoi avoir tant sacrifié, tant concédé, tant compromis dans une histoire vouée d'avance à l'echec ? Pour conjurer le sort ? Pour se faire sciemment du mal, en allant dans le mur, le klaxon à fond ? Nous n'avons rien tant aimé que nos crises. Je connais plus tes cris que le son e ta voix. Je ne t'entendrai jamais chanter de berceuse à notre enfant. Tu m'as mis dehors. Et tu as failli appeler les flics pour qu'ils me chassent. Mais pour quime prends tu ? Me crois tu si peu digne pour que je reste me noyer avec délectation dans ton mepris ? Je m'en vais plus que tu me chasses.

 

L'arbitre a sifflé la fin du match. Il était temps. Pendant 40 minutes, à 10 contre 11, les joueurs de Valence ont réussi à maintenir leur avantage. La qualification est maintenant acquise et les craintes suscitées par l'expulsion de Georges sont oubliées. Valence sera bel et bien présent en quarts de finale. Les héros fêtent la qualification. Le champagne passe de main en main. Georges est déjà rhabillé, en civil. Un de ses coéquipiers lui tend la bouteille. Le champagne est amer. Cette victoire n'est pas la sienne. Ce match n'est que son dernier échec. Il va falloir continue à vivre en effaçant de sa mémoire les chants de supporters, les dédicaces de fin de match, les fans à l'entraînement, les lettres d'enfants et les dragueuses de discothèque. Il va falloir rebondir. Il va falloir reconstruire. Tous les espoirs sont permis. Même celui d'être heureux.

 

En allumant le contact, je remarque une clé de moins dans le trousseau. On m'a demandé de rendre la clé magnetique d'accès au bureau. Celle qui me permettait de revenir travailler le week end quand j'avais peur de n'être plus asez rapide ou plus assez compétitif. J'ai l'impression qu'on vient de de m'arracher des galons, de me déclasser. J'étais un salarié lambda, me voilà privé de ce statut. Dans les conversations, que dirais je quand on me demandera ce que je fais dans la vie ? Je suis au chômage en année sabatique, en pré-retraite, en disponibilité ? Je suis déclassé. On m'a éloigné, exilé, banni. Un licenciement resemble beaucoup à une rupture sentimentale. Au commencement de l'histoire, on fait un pas l'un vers l'autre, on trouve un terrai d'entente, des arrangements matériels. On s'habitue, on s'adapte, on s'attche. Et puis ensuite ce sont des affaires de conjonctures, d'objectifs de croissance, de tu ne m'écoutes jamais quand je te parle, de tu ne penses qu'à toi. Et puis on fixe les modalitéd de fin de contrat, indemnités ou garde des enfants. Je viens de me fire plaquer par ma boite. Elle me quitte pour un plus jeune. Je ne suis plus assez séduisant, plus assez performant. Me garder magré tout aurait été faire insulte à mon intelligence. Je devais comprendre de moi même que ma place n'était plus là. Avoir cette élégance.
Je vais devoir l'annoncer à ma famille. Sacré coup de vieux. "Votre père vient d'atteindre un âge où on ne le considère plus bon à rien". Je vais devoir essayer de leur montrer que tout est faux, que je suis encore bien vivant. L'idéal serait que j'en sois convaincu moi même. En fait, je ne me rend pas vraiment compte de ce qui vient de m'arriver. Je n'ai pas encore saisi que demain, peux faire la grasse matinée et que personne ne s'en plaindra au bureau. Saisi que je vais avoir le temps de lire, de regarder la télé, de faire mon jardin. Pas encore compris que mon age avancé faisait tache dans cette boite de requins, que mes cheveux blancs bloquaient la combativité de mes collègues, que l'idée de la proximité de ma mort leur faisait peur et les empêchait de savourer leur jeunesse éclatante et triomphante.

 

 

Bricolé par Vinzzz, à 20:35 dans la rubrique "Textes".



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