Ce matin n'était pas un matin comme les autres. J'avais pris une grande décision. J'allais surmonter mon aversion irrationnelle pour le bus et bouleverser un peu mon quotidien en essayant un nouvel itinéraire pour me rendre sur mon lieu de travail. Le soleil brillait de tous ces rayons et je marchais d'un pas allègre malgré la douleur persistante de mon entorse (jamais sans ma ch'ville). J'avais repéré l'arrêt du bus qui me concernait et au petit trot je m'engouffrai dans la machine rutilante qui m'attendait en souriant (si si je le jure). Je n'avais que 18 minutes de retard sur le timing me permettant d'arriver à l'heure au boulot et je comptais bien sur le fier véhicule pour me faire rattraper le temps perdu sous la couette (enfin, perdu, c'est une façon de parler). J'étais fier de ma ruse et je réjouissais déjà de pouvoir écrire un post pour raconter mon victoire sur ma busophobie et mes nouveaux talents de bisonfuteur raccourcisseur de trajets.
Au bout d'un petit moment, je me rendis compte que le bus que j'avais pris n'était pas complètement le bon et que s'il empruntait une partie du bon itinéraire, il me déposerait un peu plus tôt que prévu. Tant pis pour la correspondance subtile que je visais, j'irais la chercher en marchant (malgré la souffrance inhumaine qui déchirait ma pauvre cheville). En descendant du bus à son terminus incongru, mon esprit était traversé de pensées comme "eh ben bravo mon grand", "chapeau ! " et autres "super ton raccourci !". Tellement traversé que je réussis un phénomenal coup du "poteau-dans-la-gueule" digne des plus belles heures de la fédération mondiale de "poteaux-dans-la-gueule". un seul regret : ne pas avoir disposé d'un public suffisant pour un tel geste parce que là, franchement, il y avait de quoi se moquer.
Sautillant malgré l'innommable martyre de ma cheville, je décidai de parcourir les "quelques mètres" qui devaient me séparer du métro qui me permettrait d'arriver raisonnablement en retard au travail. Lesdits "quelques" mètres devaiant en fait représenter une petite demie douzaine de kilomètres (bon d'accord j'exagère un peu mais c'est à cause de l'indicible tourment de ma cheville).
Je finis par me retrouver dans le metro pour les dernières minutes de mon trajet palpitant. Résultat : la jolie performance de 45 minutes de retard. La prochaine fois que je tente un raccourci, dites le moi, je resterai couché

PS : J'ai vraiment une vie passionnante